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« L’Alliance des pays de l’OTAN résisterait mal à un deuxième mandat de Donald Trump »

Qu’y a-t-il de commun entre ces deux Américains, Charles Lindbergh et Donald Trump ? Le premier fut un as de l’aviation dans l’entre-deux-guerres ; Donald Trump est plus que jamais le grand gourou du Parti républicain. Mais, à quatre-vingts ans de distance, ils incarnent la même sensibilité en politique étrangère – l’école isolationniste. Tradition solide, ancienne, largement partagée aux Etats-Unis et dont on connaît la devise : l’Amérique d’abord, « America first ». Pas d’aventure en terre lointaine.
Trump reprend le flambeau. Il est tout aussi décidé à abandonner aujourd’hui l’Ukraine à son sort que Lindbergh, actif en politique en 1940, était opposé à un engagement des Etats-Unis contre Hitler. Sauf accident judiciaire toujours possible, l’homme à la casquette rouge estampillée « MAGA » – « Make America Great Again » – va obtenir l’imprimatur de son parti. Il sera le candidat du Grand Old Party à l’élection présidentielle du 5 novembre. Et, s’il retourne à la Maison Blanche, il tiendra sa ligne : repli américain sur fond d’empathie pro-Vladimir Poutine.
Héros américain, Lindbergh, premier pilote à traverser l’Atlantique en solitaire, fut sollicité par nombre d’élus du Grand Old Party pour être leur champion lors du scrutin de novembre 1940. Il ne fut pas retenu. Un autre républicain, Wendell Willkie, affronta le démocrate Franklin D. Roosevelt – celui-ci sollicitait un troisième mandat et, partisan résolu d’une intervention en Europe, il l’emporta haut la main.
Mais Lindbergh n’en parcourut pas moins le pays pour défendre la doxa républicaine de l’époque : pas d’implication militaire de Washington en Europe. « J’en suis arrivé à cette conclusion, disait-il, que nous ne pouvons pas gagner cette guerre [contre le IIIe Reich] à la place de l’Angleterre quel que soit le soutien que nous lui apporterions. » En 1941, il colorait son discours d’une touche d’antisémitisme : « Les trois groupes qui poussent le plus à la guerre sont les Britanniques, les juifs et l’administration Roosevelt. » Il faudra attendre décembre 1941 et l’attaque japonaise contre la flotte américaine du Pacifique (à Pearl Harbor) pour que le Grand Old Party abandonne cette posture isolationniste.
Aujourd’hui, l’argument développé, sur ordre de Trump, par le speaker de la Chambre des représentants, Mike Johnson, n’est pas sans rappeler le propos de Lindbergh (antisémitisme en moins). Fondamentaliste évangélique, Johnson est indifférent aux responsabilités des uns et des autres dans le déclenchement du conflit ukrainien. Il conteste l’aide à l’Ukraine faute de connaître le résultat de la guerre à l’avance : Volodymyr Zelensky ne nous dit pas comment il va gagner ! Depuis quatre mois, les élus républicains bloquent toute nouvelle assistance à Kiev.
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