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« Réchauffement climatique : réinventer la forêt », sur LCP : un pari d’avenir pour 2 millions de propriétaires de petites parcelles boisées

LCP – VENDREDI 8 DÉCEMBRE À 20 H 30 – MAGAZINE
Encore un documentaire sur les forêts ? Pas seulement, même si la tenue de la COP28 à Dubaï, jusqu’au 12 décembre, multiplie les sujets environnementaux. Il s’agit plutôt ici d’un retour d’expériences destiné à tous ceux qui s’inquiètent pour nos forêts, et plus particulièrement aux 2 millions de particuliers propriétaires de parcelles boisées inférieures à 1 hectare, trop petites pour bénéficier de règles ou d’encadrement. La journaliste de LCP Marion Becker a choisi de partir à la rencontre de professionnels dans une démarche positive, qui élargit l’auditoire potentiel.
La mortalité des arbres, en France, a augmenté de 80 % en une décennie, compromettant la capacité des forêts à stocker du carbone, dont elles constituent le deuxième puits de la planète après les océans. Les Français sont particulièrement concernés, puisque le pays est recouvert à 31 % de forêts (17 millions d’hectares).
Dans la forêt domaniale de Jugny, en Côte-d’Or, Brigitte Musch et Lilian Duband, de l’Office national des forêts (ONF), constatent les dégâts. Présents sur ce sol depuis dix mille ans, il a suffi de cinq ans de sécheresse et de canicule pour que les hêtres meurent, devenus inadaptés à leur nouvel écosystème. Quant aux épicéas, ils sont grignotés par des insectes, qui prolifèrent à la faveur d’un mois de septembre exceptionnellement chaud.
Dans le Morvan, ce sont les coupes rases, commencées dans les années 1970, qui mettent à mal la forêt. « Les propriétaires morvandeaux ne sont pas exempts de reproches, car ils se sont empressés de vendre leurs forêts », précise Lucienne Haese, 82 ans, dont quarante passés à protéger les feuillus de l’exploitation intensive. Avec son association, elle a racheté 350 hectares, gérés par un expert, Tristan Susse, qui applique – et explique – la « futaie irrégulière ».
« Même en faisant pour le mieux, on n’est sûr de rien », affirme Alexandre Couvenant, gestionnaire de forêts privées dans la Nièvre, où peupliers et frênes sont abattus avec vingt ans d’avance parce que malades. Economie et écologie doivent désormais agir ensemble pour trouver des solutions, dit-il après avoir reconnu les erreurs passées.
En Auvergne, c’est le sapin qui ne résiste plus. La solution viendra en partie de l’opération « Giono » de migration assistée, que présente une généticienne de l’ONF, avec la plantation d’espèces méditerranéennes, comme les chênes pubescents du Midi ou le cèdre du Liban. Parallèlement, des espèces moins connues sont testées, dans un premier temps, sur des « îlots d’avenir », pour éviter tout risque de déséquilibre du biotope, à cause, entre autres, de variétés invasives.
Dans un demi-siècle, nos paysages auront visuellement changé sous l’effet de cette « méditerranéisation » des taillis et futaies. Mais c’est pour la bonne cause, dit en souriant Lucienne Haese : « Il faut envoyer un message positif dans votre film. »
Réchauffement climatique : réinventer la forêt, de Marion Becker, Vincent Ferreira et Ilana Azencot (Fr., 2023, 30 min). Et sur la chaîne YouTube de LCP.
Catherine Pacary
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